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Les 8 Salopards, critique

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Tout film de Quentin Tarantino est indéniablement un événement et ce sera encore le cas de ses 8 Salopards qui vont s’enfermer dans le froid des salles obscures et risquent bien de diviser fortement le public !

Après le western post-Guerre de Sécession et prenant sa revanche sur l’esclavage de Django Unchained, Quentin Tarantino reste bloqué dans la même époque pour son nouveau film, les 8 Salopards. Mais tout en gardant ce contexte, il change d’approche pour s’immiscer dans l’exercice du huis clos où il peut évidemment s’en donner à coeur joie dans toutes les figures imposées de son cinéma Tarantinesque qui rend hommage tout en réinventant toujours le genre à sa sauce.

Dans les 8 Salopards, l’histoire sera comme d’habitude assez simple et basée sur la vengeance avec un chasseur de prime et  sa prisonnière qui débarquent dans un chalet en pleine montage, bloqué par la neige. Mais dans cette auberge attendent d’autres personnes qui pourraient bien révéler de lourds secrets … et si l’un d’eux était là pour délivrer la prisonnière ? Alors paranoïa, violence et autre coups bas risquent bien de mettre à mal un plan qui était à la base assez rôdé.

Evidemment, au vu des premiers éléments, avec une bande de gangsters prêts à tout (dont Tim Roth et Michael Madsen) et un chalet dans la neige où tout le monde semble suspect (et avec la présence de Kurt Russell), deux figures s’imposent tout de suite à nous : Reservoir Dogs (le premier film de QT, qui n’hésite pas à s’autociter, revenant aux origines) et the Thing de Carpenter (sans la dimension fantastique mais avec toute la paranoïa qui l’entoure). Ajoutez à cela la musique originale d’Ennio Morricone composée pour l’occasion et vous obtenez forcément un grand hommage de QT à tout le cinéma qu’il aime.

Et tout le reste de la recette de Tarantino est bien là et l’on prend toujours un plaisir à la retrouver : une narration en chapitres bien exploitée, des personnages toujours en marge, le thème de la vengeance qui prédomine, un goût immodéré pour les longues scènes de dialogues avec des personnages forts et impeccablement caractérisés, une violence très sanglante, et depuis Inglourious Basterds, un fort discours politique qui remet l’Amérique et les instincts humains face à leur méfaits, sans oublier une excellente réalisation (les images des paysages, les angles de caméra parfaitement choisi pour le grand cinéma). Tout est là.

Et pourtant, quelque chose cloche dans les 8 Salopards, et ce quelque chose, c’est toute la première partie. Nous avons bien l’habitude que Tarantino nous assène de dialogues brillant qui font toutefois toujours avancer le récit et qu’il prenne son temps pour mettre les différentes pièces du puzzle avant que tout ne s’assemble, mais ici, cette méthode se révèle bien trop lourde et plombe le film dès le début avec des scènes de dialogues inutiles et interminables dans la diligence qui les amène à l’auberge. Des dialogues à foison qui ne font guerre avancer le récit et qui finisse par perdre la patience du spectateur et ce sera toujours le cas pendant que les protagonistes s’installeront ensuite dans le chalet. Le film prend ainsi bien trop son temps et l’on voit bien là le défaut de Tarantino à vouloir délier son film sur 2h45. Une durée bien trop longue cette fois pour ce que les 8 Salopards ont à raconter.

Il faut donc attendre au moins 1h30 de film avant que celui-ci ne se donne la peine de démarrer enfin avec la révélation d’un secret inattendu et ensuite s’envoler vers un spectacle de violence sanglante grand guignolesque et un festival de révélations en séries dans un huis clos à la réalisation maîtrisée qui ne lasse jamais. Cette attente se révèle du coup finalement payante, mais le prix à payer était tout de même assez lourd. Pour une fois Tarantino n’avait pas besoin de nous asséner autant de dialogues peu distingués pour faire passer son message. Et il faut aussi dire que les personnages ne sont pas tous à la hauteur (on ne retrouve pas ici un personnage au panache de Bill, Hans Landa ou Calvin Candie et Jennifer Jason Leigh se révèle au final assez fade) et beaucoup sont sous-exploités (comme Michael Madsen ou  Tim Roth, ce dernier ayant eu apparemment pour directive de copier le jeu de Christoph Waltz) et seul Samuel L Jackson en ressortira vraiment grandit.

Les 8 Salopards est donc un huis clos très réussi dans ses derniers chapitres et sa réalisation, mais un Tarantino qui déçoit par son trop plein de confiance en des personnages inutilement trop bavards qui traînent en longueur toute la première partie d’un film qui aurait pourtant pu être tellement plus intéressant et jouissif. Pas grave QT, on attendra tout de même toujours ton prochain film.


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